Via de la Plata : étapes et carte du chemin de Compostelle partant d’Andalousie

Moins fréquentée que le populaire Camino Francés, la Via de la Plata est pourtant l’un des itinéraires jacquaires les plus longs et les plus riches en histoire. Traversant l’Espagne du sud au nord, de Séville à Saint-Jacques-de-Compostelle, elle offre aux pèlerins une immersion profonde dans des paysages variés, un patrimoine antique et médiéval exceptionnel, et une expérience de pèlerinage souvent marquée par une plus grande solitude. Cet article présente les étapes et infos utiles pour préparer sa randonnée sur la Voie de l’Argent.

Plaza de Espania, à Séville, au départ de la Via de la Plata

Qu’est-ce que la Via de la Plata ou Voie de l’Argent ?

La Via de la Plata est l’un des principaux chemins de Compostelle, bien qu’il ne soit pas le plus connu internationalement. Son nom, qui signifie littéralement « Voie de l’Argent« , prête parfois à confusion. Contre toute attente, l’origine la plus probable de ce nom ne vient pas du commerce de l’argent, mais plutôt du terme arabe « Balat » qui désignait une voie pavée datant de l’époque romaine.

Cette route millénaire n’était en effet pas initialement une voie de pèlerinage, mais un axe de communication stratégique construit par les Romains pour relier le sud au nord-ouest de la péninsule ibérique. Elle servait au transit des troupes, des marchandises (dont l’or et d’autres métaux, mais pas spécifiquement l’argent) et à l’administration de l’Empire. Avec l’avènement des pèlerinages vers Saint-Jacques-de-Compostelle à partir du IXe siècle, cet axe majeur fut progressivement adopté par les pèlerins venus du sud de l’Espagne.

Aujourd’hui, la Via de la Plata relie Séville (Andalousie), l’une des métropoles les plus importantes du sud de l’Espagne, à Saint-Jacques-de-Compostelle (Galice). C’est un chemin qui offre une immersion profonde dans l’histoire, le patrimoine culturel et la nature sauvage de l’intérieur de l’Espagne.

Chiffres clés sur la Via de la Plata : distance, durée, dénivelé

1000 km

Distance

La longueur de la Via de la Plata est d’environ 700km de Séville à Astorga + 300km sur le Camino Francés jusqu’à Compostelle.

50%

Départ d’Ourense

La moitié des pèlerins sur la Via de la Plata partent d’Ourense, sur la variante du Camino Sanabrés, pour rejoindre Compostelle.

1 791

Départ de Séville

Moins de 2000 marcheurs ont démarré leur pèlerinage de Compostelle à Séville en 2024, soit 21% des pèlerins des chemins de l’argent et Sanabrés.

9 000

Fréquentation

En 2024, le bureau d’accueil de Compostelle a enregistré 9000 pèlerins venant de la Via de la Plata, y compris via le Camino Sanabrés.

58%

Pèlerins espagnols

Sans surprise, la Via de la Plata étant située complètement en Espagne, elle séduit davantage les randonneurs espagnols.

2,7%

Marcheurs français

2,7% des pèlerins sur la Via de la Plata en 2024 venaient de France, selon le bureau des pèlerins de Santiago de Compostela.

40 jours

Durée moyenne

En marchant 25 km par jour, il faut compter entre 35 et 40 jours pour atteindre Compostelle depuis Séville.

Variable

Dénivelé

Premières étapes en Andalousie et en Estrémadure relativement plates. Montagneux et vallonné à partir du nord de la Castille-et-León et surtout en Galice.

Carte détaillée de la Via de la Plata et du Camino Sanabrés

Où commence la Via de la Plata et comment rejoindre ce chemin de Compostelle ?

Le point de départ « officiel » et le plus traditionnel de la Via de la Plata est Séville, en Andalousie. C’est dans cette magnifique ville que l’aventure commence pour une partie des pèlerins, mais pas pour la majorité.

Comment rejoindre Séville ?

  • En avion : Séville dispose d’un aéroport international bien desservi par des vols directs depuis de nombreuses villes européennes, y compris en France. C’est souvent le moyen le plus rapide et le plus simple.
  • En train : Séville est connectée au réseau ferroviaire espagnol à grande vitesse (AVE).
  • En bus : Le réseau de bus longue distance en Espagne est très développé (compagnies comme ALSA). C’est souvent l’option la plus économique, mais aussi la plus longue.

Il est également possible de commencer la Via de la Plata depuis d’autres villes étapes plus au nord si l’on ne dispose pas d’un mois et demi : par exemple à Mérida, Cáceres, Salamanque ou Zamora. Ces villes sont également accessibles en train ou en bus depuis d’autres points en Espagne.

Les étapes de la Via de la Plata depuis l’Andalousie jusqu’à Compostelle

La Via de la Plata s’étend sur environ 1000 kilomètres, traversant quatre régions d’Espagne : l’Andalousie, l’Estrémadure, la Castille-et-León et la Galice. Son parcours suit en grande partie l’ancienne voie romaine qui reliait Hispalis (Séville) à Asturica Augusta (Astorga). Aujourd’hui, les pèlerins peuvent soit suivre la Via de la Plata jusqu’à Astorga pour rejoindre le Chemin Francés sur ses 260 derniers kilomètres, soit opter pour le Camino Sanabrés à partir de Granja de Moreruela (juste après Zamora), qui bifurque vers l’ouest pour atteindre directement Saint-Jacques-de-Compostelle via Ourense. Cette dernière option est de plus en plus prisée pour éviter la fréquentation du Francés (voir plus loin dans l’article).

De Séville à Mérida, une randonnée sous le soleil d’Andalousie

Le point de départ officiel est la cathédrale de Séville. Les premières étapes traversent la plaine andalouse. C’est une section relativement plate mais qui peut être extrêmement chaude, même au printemps ou à l’automne. On marche souvent sur des chemins de terre et des pistes rurales, parfois d’anciennes sections pavées romaines.

La section de la Via de la Plata traversant le nord de l’Andalousie et se dirigeant vers l’Estrémadure est caractérisée par une diversité de terrains, alternant entre des collines parfois escarpées, notamment en abordant les contreforts de la Sierra Morena, et de vastes plaines typiques de la Dehesa, paysages parsemés de chênes-lièges et de chênes verts. Ces étapes demandent une certaine endurance, notamment face à la chaleur estivale qui peut être intense dans cette partie de l’Espagne.

L’arrivée à Mérida constitue une étape clé et particulièrement gratifiante sur la Via de la Plata. La ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son ensemble archéologique, offre un amphithéâtre, un théâtre, un temple, un pont romain…

ÉTAPES VIA DE LA PLATA

DISTANCE (KM)

POINT D’INTÉRÊT

Séville – Guillena

22

Sortie de Séville, paysages agricoles, ruines romaines près de Camas.

Guillena – Castilblanco de los Arroyos

19

Transition vers des zones plus boisées et vallonnées, calme rural.

Castilblanco de los Arroyos – Almadén de la Plata

29

Passages en forêt, arrivée dans un village pittoresque.

Almadén de la Plata – El Real de la Jara

14

Transition vers les basses montagnes.

El Real de la Jara – Monesterio

20

Entrée en Estrémadure, légère montée vers Monesterio, connu pour son jambon ibérique.

Monesterio – Fuente de Cantos

21

Paysages de Dehesa, vastes horizons, ville natale du peintre Zurbarán.

Fuente de Cantos – Zafra

25

Traversée de plaines agricoles, arrivée dans la belle ville historique de Zafra, Alcázar.

Zafra – Villafranca de los Barros

19

Chemins entre vignobles et champs.

Villafranca de los Barros – Torremegia

27

Cœur de la région viticole de l’Estrémadure

Torremegia – Mérida

15

Traversée de la Dehesa, approche de la ville et de ses monuments.

De Mérida à Salamanca, des étapes au cœur de l’Estrémadure et l’arrivée en Castille

Ce tronçon est souvent considéré comme l’âme de la Via de la Plata. Il traverse sur plus de 200 kilomètres l’Estrémadure, une région vaste et peu densément peuplée, où les grandes étapes sont fréquentes et les services parfois clairsemés. Le chemin serpente à travers la Dehesa, offrant des paysages d’une beauté sobre et sauvage. C’est le royaume des taureaux et des porcs ibériques en liberté.

L’histoire romaine reste omniprésente, avec des ponts romains encore utilisés et des sections de la calzada romana encore visibles et praticables. Des villes importantes comme Cáceres, une autre cité au patrimoine mondial de l’UNESCO avec son quartier médiéval et Renaissance remarquablement conservé, ponctuent le parcours et offrent des haltes culturelles et des moments de repos bienvenus.

Après avoir traversé le nord de l’Estrémadure, le chemin entre en Castille-et-León. Les paysages changent subtilement, la Dehesa laissant place à des terrains plus agricoles. L’arrivée à Salamanque est un nouveau moment marquant. La « ville d’or« , célèbre pour son université et ses bâtiments de grès doré, est un centre intellectuel et architectural majeur. Son atmosphère vibrante contraste avec le calme de l’Estrémadure.

ÉTAPES VIA DE LA PLATA

DISTANCE (KM)

POINT D’INTÉRÊT

Mérida – Alcuéscar

36

Embalse de Proserpina, vestiges romains, paysages de Dehesa

Alcuéscar – Caceres

37

Chapelle de Santiago, entrée à Cáceres, centre historique de Cáceres (Patrimoine UNESCO)

Caceres – Cañaveral

44

Paysages de Dehesa, pont romain de Cañaveral

Cañaveral – Galisteo

27

Arc de Cáparra (site archéologique), vestiges romains, village de Galisteo (murs)

Galisteo – Oliva de Plasencia

27

Entrée dans la Sierra de Béjar

Oliva de Plasencia – Aldeanueava del Camino

25

Aldeanueva del Camino – Calzada de Béjar

22

Thermes romains de Baños de Montemayor, montée vers le col, entrée en Castille-et-León, village historique de La Calzada

Calzada de Béjar – Fuenterroble de Salvatierra

20

Paysages de hauts plateaux, église de Fuenterroble, ambiance rurale profonde

Fuenterroble de Salvatierra – San Pedro de Rozados

28

Chemin à travers champs, petits villages

San Pedro de Rozados – Salamanque

23

Vue sur Salamanca au loin, entrée dans la ville, centre historique

De Salamanca à Astorga, dernière partie officielle de la Route de l’Argent

Quittant Salamanque, le chemin continue vers le nord à travers la vaste région de Castille-et-León. Cette partie de la Via de la Plata traverse des plaines agricoles, parfois monotones, mais offre aussi des passages par des villes historiques comme Zamora, célèbre pour son art roman, et des paysages variés à mesure que l’on approche du nord de la région.

Les étapes peuvent encore être longues, mais les services tendent à devenir un peu plus fréquents qu’en Estrémadure, bien que toujours moins denses que sur le Camino Francés. Le chemin traverse des villages typiques de la Meseta (plateau central espagnol), offrant un aperçu de la vie rurale.

Au-delà de Zamora, le parcours devient légèrement plus varié, traversant des terres agricoles et des zones boisées, notamment autour de Montamarta. L’étape menant à Granja de Moreruela est cruciale, car c’est là que la Via de la Plata se divise, avec le Camino Sanabrés qui part vers la Galice, tandis que l’itinéraire principal continue vers Benavente. Cette section jusqu’à Benavente et au-delà traverse des paysages plus doux, ponctués de rivières et de petits villages typiques. L’approche d’Astorga, après avoir traversé La Bañeza, marque l’entrée dans la région de la Maragatería, avec des paysages qui commencent à prendre les caractéristiques du nord.

L’arrivée à Astorga marque la porte d’entrée vers la dernière partie du chemin de Saint-Jacques. C’est là que la Via de la Plata se termine en tant qu’itinéraire distinct, et rejoint le Camino Francés.

ÉTAPES VIA DE LA PLATA

DISTANCE (KM)

POINT D’INTÉRÊT

Salamanque – El Cubo de la Tierra del Vino

35

Cathédrale et centre historique de Salamanque (UNESCO), vastes plaines de la Meseta.

El Cubo de la Tierra del Vino – Zamora

31

Cathédrale et centre historique de Zamora.

Zamora – Granja de Moreruela

42

Pont Ancien sur le Duero (Zamora), Barrage de Ricobayo (vue lointaine), Monastère en ruines de Moreruela, Bifurcation du Camino Sanabrés.

Granja de Moreruela – Barcial del Barco

18

Barcial del Barco – Benavente

14

Tour du Caracol (Parador National) à Benavente

Benavente – Alija del Infantado

23

Paysages de rivières et plaines, villages tranquilles.

Alija del Infantado – La Bañeza

21

Traversée de la rivière Órbigo (ou affluent)

La Bañeza – Astorga

25

Jonction avec le Camino Francés à Astorga, Cathédrale et Palais Épiscopal de Gaudí.

Trajet final depuis Astorga jusqu’à Santiago de Compostela sur le Camino Francés

À partir d’Astorga, le pèlerin de la Via de la Plata intègre le flux des nombreux marcheurs venus du Camino Francés. Le changement d’atmosphère est radical. La solitude des centaines de kilomètres précédents fait place à une forte convivialité (ou à une densité, selon le point de vue). Les infrastructures (auberges, restaurants, commerces) deviennent beaucoup plus nombreuses et développées.

Ce dernier segment de randonnée couvre environ 260 kilomètres à travers la Castille-et-León occidentale et la Galice. Le chemin traverse des paysages variés, incluant les montagnes de León (comme la Cruz de Ferro, un lieu symbolique) et les vertes collines de Galice, caractérisées par leurs forêts d’eucalyptus, leurs petits hameaux et leurs chemins parfois boueux.

Pour les pèlerins ayant parcouru la Via de la Plata depuis Séville, rejoindre le Camino Francés est une expérience contrastée. C’est l’occasion de rencontrer des marcheurs du monde entier, de partager des histoires d’itinéraires différents, mais aussi de naviguer dans un environnement plus peuplé et commercial. Ces dernières étapes mène finalement à l’objectif tant attendu : Santiago de Compostela et sa majestueuse cathédrale, où l’émotion de l’arrivée récompense les efforts de ce très long pèlerinage.

Le Camino Sanabrés, la variante préférée de la Via de la Plata à partir de Granja

Le Camino Sanabrés est une alternative majeure au parcours traditionnel de la Via de la Plata. Son point d’accès depuis la Voie de l’Argent se situe à Granja de Moreruela, une petite localité située au cœur de la province de Zamora. Le chemin de Sanabrés se dirige alors vers l’ouest, au lieu de poursuivre vers le nord en direction d’Astorga pour rejoindre le Camino Francés. Cette variante est souvent considérée comme la suite ‘naturelle’ de la Vía de la Plata jusqu’à Santiago de Compostelle. Le Camino Sanabrés est devenue l’option la plus populaire des pèlerins de la Via de la Plata. La ville d’Ourense située sur le sentier de Sanabrés sert de point de départ à 50% des marcheurs sur ces itinéraires.

Evitant le grand carrefour d’Astorga, le sentier offre un parcours substantiellement différent. Le Sanabrés traverse des paysages variés, débutant dans les plaines ouvertes de Zamora avant de s’engouffrer dans des régions plus vallonnées et sylvestres, offrant une expérience plus intime et souvent moins fréquentée que les tronçons finaux du Camino Francés, tout en conservant un caractère authentique et profond, riche en histoire et en contact direct avec la nature et la culture locale.

Puebla de Sanabria, sur le Camino Sanabrés (variante de la Via de la Plata)

Après avoir quitté Granja, le chemin se dirige vers l’ouest à travers des terrains initialement plats et agricoles, souvent exposés aux éléments, que ce soit la chaleur estivale écrasante ou les vents froids. La première étape mène typiquement à Tábara, un village connu pour son monastère et son histoire médiévale, marquant une première pause significative. Ensuite, le parcours continue à travers des paysages qui commencent progressivement à onduler, traversant des zones un peu plus boisées et suivant parfois le cours de rivières comme le Tera. Des localités comme Santa Marta de Tera, célèbre pour son église romane abritant une statue de Saint Jacques très vénérée, ponctuent le chemin.

À mesure que le pèlerin progresse sur le Camino Sanabrés, on entre alors dans la région naturelle de Sanabria, caractérisée par sa beauté sauvage, ses montagnes douces et ses forêts denses. Traverser cette zone implique de plus en plus de montées et de descentes, offrant un défi physique accru par rapport aux plaines antérieures. Le chemin franchit la frontière entre la Castille-et-León et la Galice, souvent symbolisé par le passage dans la province d’Ourense. Les dernières étapes galiciennes du Sanabrés sont typiques de la région : des chemins encaissés bordés de murs de pierre, des forêts d’eucalyptus et de chênes, des petits villages ruraux dispersés, et une atmosphère empreinte d’humidité et de verdure intense. Le Sanabrés atteint la destination finale de Compostelle par le sud-est.

ÉTAPES CAMINO SANABRÉS

DISTANCE (KM)

POINT D’INTÉRÊT

Granja de Moreruela – Tábara

25

Croisement de la Vía de la Plata principale, église de Tábara (Santa María)

Tábara – Santa Marta de Tera

23

Traversée de villages

Santa Marta de Tera – Rionegro del Puente

28

Vallée de la rivière Tera, église de San Salvador, village de Rionegro.

Rionegro del Puente – Asturianos

26

Approche de la Sierra de la Culebra.

Asturianos – Requejo de Sanabria

27

Arrivée majestueuse à Puebla de Sanabria (château, vieille ville).

Requejo de Sanabria – Lubian

18

Montée significative vers le col de la Canda, traversée de villages de montagne

Lubian – A Gudiña

24

Frontière galicienne, Ascensión A Canda, Églises locales

A Gudiña – Laza

35

Tradition du Carnaval à Laza

Laza – Xunqueira de Ambía

33

Villages dispersés, Paysages agricoles et forestiers

Xunqueira de Ambía – Ourense

22

Collégiale de Xunqueira

Ourense – Cea

22

Pont romain d’Ourense, Sources thermales

Cea – O Castro

16

Paysages de l’intérieur galicien, Approche de Pontevedra

O Castro – Silleda

28

Zones rurales et semi-urbaines, Paysages vallonnés

Silleda – Ponte Ulla

20

Vallée de l’Ulla, Ponts historiques

Ponte Ulla – Santiago de Compostela

21

Montée vers O Picoto, vues potentielles sur Santiago (par temps clair), Monte do Gozo, Vues sur la cathédrale, Arrivée à Santiago

Rejoindre la Via de la Plata depuis Cadiz par la Via Augusta

Pour les pèlerins souhaitant prolonger l’aventure ou partir encore plus au sud, il est possible de rejoindre la Via de la Plata à Séville en partant de Cadiz. Ce parcours s’effectue via l’ancienne Via Augusta, une autre grande voie romaine qui reliait autrefois Gades (près de Cadiz) à Hispalis (Séville).

Le chemin depuis Cadiz mesure environ 180 kilomètres jusqu’à Séville. Il faut ainsi compter entre 6 et 8 jours de marche supplémentaires pour parcourir la Via Augusta avant de débuter la Via de la Plata.

Ce chemin offre une introduction à l’Andalousie et traverse des villes intéressantes comme El Puerto de Santa María, Jerez de la Frontera (capitale du sherry) et des paysages de la campagne andalouse avant d’arriver à Séville. C’est une option valable pour ceux qui ont plus de temps et qui souhaitent s’immerger dès le départ dans l’ambiance du sud de l’Espagne.

Quelle est la difficulté de la Via de la Plata ?

Aborder la question de la difficulté de la Via de la Plata est essentiel pour s’y préparer. Ce n’est généralement pas le chemin recommandé pour une première expérience de plusieurs semaines, à moins d’une excellente préparation physique et mentale. Sa difficulté ne réside pas tant dans des dénivelés extrêmes constants (bien qu’il y ait des montées, notamment en Galice ou à l’approche de certaines villes) que dans d’autres facteurs.

  • La longueur : Avec près de 1000 km, c’est un chemin long qui demande une endurance physique et mentale sur la durée. Parcourir cette distance nécessite plusieurs semaines (généralement 5 à 6 semaines selon le rythme).
  • La chaleur : C’est le facteur de risque numéro un, surtout si l’on part entre mai et septembre. Les températures en Andalousie et Estrémadure peuvent largement dépasser les 40°C en été. Il est impératif de partir très tôt le matin, de s’hydrater massivement et de se protéger du soleil. Les meilleures saisons pour la Via de la Plata sont l’automne (septembre-octobre) et le printemps (mars-avril).
  • L’Infrastructure : Comparée au Camino Francés, la Via de la Plata est moins fréquentée. Cela signifie moins d’options d’hébergement (auberges moins nombreuses, parfois plus espacées) et moins de points de ravitaillement (bars, épiceries) sur certaines étapes, notamment en Estrémadure. Il faut donc être plus autonome, prévoir ses repas et son eau, et parfois réserver son hébergement, surtout en haute saison (printemps/automne).
  • La solitude : Moins de pèlerins signifie moins de possibilités d’aide immédiate en cas de besoin et un sentiment d’isolement plus marqué pour certains. Pour d’autres, c’est précisément ce qui fait l’attrait de ce chemin.
  • Le sol : De longues portions de chemin suivent l’ancienne voie romaine, souvent constituée de gros cailloux. Marcher sur ce type de surface peut être éprouvant pour les pieds et les articulations sur la durée. D’autres sections sont des chemins de terre, des routes secondaires peu fréquentées ou des pistes agricoles.

Cependant, cette difficulté est aussi ce qui fait le charme de la Via de la Plata. Elle offre une expérience de pèlerinage plus introspective, moins commerciale, avec plus d’opportunités d’être seul avec ses pensées et la nature.

Quelles sont les 5 plus belles étapes de la Via de la Plata ?

Voici quelques suggestions d’étapes ou de sections sur la Via de la Plata qui marquent souvent les esprits par leur beauté, leur intérêt historique ou leur atmosphère unique.

  • L’arrivée à Mérida : L’étape qui mène à Mérida (souvent depuis Alcuéscar ou un village précédent) est mémorable non seulement pour la marche à travers les Dehesas d’Estrémadure, mais surtout pour l’arrivée dans cette ville antique. Découvrir le théâtre et l’amphithéâtre romains, le temple de Diane, le pont romain sur la Guadiana, ou encore le système d’aqueducs, après des jours de marche, est une expérience culturelle et historique intense. Mérida est un véritable musée à ciel ouvert.
  • L’arrivée à Cáceres : Autre joyau d’Estrémadure, la ville de Cáceres, dont la vieille ville est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’étape qui y mène (souvent depuis Aldea del Cano) peut traverser des paysages ouverts avant d’atteindre cette cité fortifiée médiévale remarquablement préservée. Flâner dans ses rues pavées, admirer ses palais et églises est un moment fort du chemin. L’ambiance à l’intérieur des murailles est magique.
  • La traversée des Dehesas d’Estrémadure (ex: entre Alcuéscar et Aldea del Cano, ou plus au nord) : Bien qu’elles puissent être chaudes et exposées, les Dehesas sont un paysage unique de la péninsule ibérique. Ces vastes étendues parsemées de chênes verts et de chênes lièges, où paissent les taureaux de combat et les porcs ibériques, offrent un sentiment d’immensité et de nature préservée. Marcher au milieu de ces étendues sous le ciel immense est une expérience contemplative intense et typique de la Via de la Plata.
  • L’arrivée ou le départ de Salamanque : Salamanque est une ville d’une beauté exceptionnelle. L’étape qui y mène, offrant les premières vues sur les tons dorés de ses bâtiments historiques, est visuellement spectaculaire. Partir de cette ville, en longeant la rivière Tormes et en regardant la ville s’éloigner, est également un moment fort, marquant le passage vers un nouveau paysage et une nouvelle phase du pèlerinage.
  • Une section de Calzada Romana bien conservée : La Via de la Plata suit par endroits l’ancienne voie romaine. Certaines sections, notamment en Estrémadure ou au sud de Salamanque, permettent de marcher directement sur les pavés ou le cheminement d’origine. Sentir la pierre usée par les siècles sous ses pieds, imaginer les légions romaines ou les voyageurs antiques empruntant le même chemin, est une expérience historique palpable et émouvante.

Pourquoi choisir la Via de la Plata : avantages et inconvénients

Avantages de la Via de la Plata

  • Moins fréquentée et plus authentique : La Via de la Plata est généralement moins encombrée que d’autres routes comme le Camino Francés, ce qui permet une expérience plus intime et authentique de la spiritualité et de la nature. Les pèlerins peuvent ainsi profiter d’un environnement plus paisible et découvrir des villages traditionnels souvent ignorés par la majorité des marcheurs.
  • Paysages variés et paysages sauvages : Ce chemin offre une diversité de paysages, allant des plaines arides de l’Andalousie aux zones verdoyantes de la Castille. Les amateurs de nature et de photographie apprécieront la richesse visuelle de cette route.
  • Histoire et patrimoine riche : La Via de la Plata suit un ancien itinéraire romain, ce qui confère une dimension historique importante au parcours. Les pèlerins peuvent découvrir des vestiges antiques, des églises romanes et des sites historiques tout au long du chemin. À Mérida, les ruines romaines classées au patrimoine mondial de l’UNESCO témoignent d’une histoire millénaire qui enrichit l’expérience des pèlerins.
  • Moins de congestions en été : En raison de son parcours plus long et de sa popularité moindre, cette voie est moins sujette à la congestion estivale, offrant ainsi une expérience plus sereine même en haute saison.

Inconvénients de la Via de la Plata

  • Distance plus longue et plus exigeante : La Via de la Plata s’étend sur environ 1000 km, ce qui en fait l’un des parcours les plus longs du Chemin de Compostelle. Cela requiert une préparation physique conséquente et un temps disponible important, ce qui peut décourager certains pèlerins.
  • Infrastructures moins développées : Par rapport au Camino Francés, cette route dispose de moins d’hébergements, de refuges et de services. Il est donc nécessaire de planifier plus minutieusement l’étape et d’être davantage autonome. Certains marcheurs ont signalé avoir dû marcher plus longtemps que prévu pour trouver un endroit où dormir.
  • Climat plus extrême dans certaines zones : Certaines sections, notamment dans le sud, peuvent connaître des températures très élevées en été, rendant la marche plus difficile et nécessitant une préparation spécifique.
  • Moins de soutien logistique : Le faible afflux de pèlerins réduit le nombre d’initiatives communautaires et d’assistance, ce qui peut compliquer la gestion en cas de problème ou de fatigue.

Avis sur la Via de la Plata : que vaut ce chemin face au Camino Francés ?

Critère

Via de la Plata VS Camino Francés

Point de départ

Séville (Andalousie) VS Saint-Jean-Pied-de-Port (France)

Distance jusqu’à Compostelle

Environ 1000 km (depuis Séville) VS Environ 780-800 km (depuis Saint-Jean-Pied-de-Port)

Durée moyenne

5 à 6 semaines VS 4 à 5 semaines

Fréquentation

Faible à modérée. Beaucoup moins de pèlerins. VS Très élevée, surtout en haute saison (été). Le plus populaire.

Difficulté / terrain

Modérée à Difficile (distance et chaleur en été). Terrain varié, moins de relief marqué que le début du Francés, mais étapes parfois longues entre les services. VS Modérée. Première partie (Pyrénées, Meseta) plus exigeante, puis plus roulant. Terrain varié.

Infrastructure (hébergement, services)

Moins dense. Moins d’albergues, parfois plus espacées et plus simples. Nécessite une meilleure
planification.
VS Très dense. Nombreux albergues publics et privés, restaurants, commerces.

Paysages

Très variés (Andalousie, Estrémadure sauvage, Castille, Galice). VS Très variés (Pyrénées, Meseta, vignobles, Galice verdoyante).

Ambiance

Ambiance plus solitaire, sentiment d’aventure. VS Ambiance très sociale, forte convivialité.

Période idéale

Printemps (Avril-Mai) ou Automne (Septembre-Octobre). À éviter absolument en été à cause des chaleurs extrême dans le sud. VS Printemps ou Automne. Été très chaud et très fréquenté. Hiver possible mais froid et peu de services.

Points d’intérêt majeurs

Villes historiques riches (Séville, Mérida, Cáceres, Salamanque), voies romaines, paysages vastes et peu peuplés. VS Paysages variés, sites historiques (Roncevaux, Burgos, León, Astorga).

Ces deux itinéraires mènent au même but, mais offrent des expériences très différentes.

  • Le Camino Francés est parfait pour une première expérience, pour ceux qui recherchent la facilité logistique, la sécurité de trouver des services à chaque étape, et surtout, une immersion totale dans l’esprit de communauté du Chemin avec une forte densité de pèlerins venant du monde entier.
  • La Via de la Plata s’adresse davantage aux pèlerins cherchant un défi plus important, une expérience plus solitaire et introspective, la découverte d’une autre facette de l’Espagne et de paysages plus sauvages. Elle demande un peu plus de préparation et d’autonomie.

Votre choix dépendra de votre personnalité, du temps dont vous disposez, de votre niveau de préparation physique et de ce que vous attendez de votre pèlerinage : une aventure sociale ou une quête plus personnelle.