Combien de km par jour faut-il marcher sur le chemin de Compostelle ? Guide pour choisir votre rythme

Distance quotidienne moyenne recommandée sur le chemin de Compostelle

La distance moyenne recommandée pour une journée de marche sur le chemin de Compostelle est généralement 20 à 25 km. Cette fourchette correspond souvent à la distance typique séparant les villages ou petites villes abritant des hébergements pour pèlerins (gîtes, albergues, refuges). Selon une étude faite par l’Agence française des chemins en 2021, les pèlerins français marcheraient réellement 26km par jour en moyenne.

Cependant, il est crucial de comprendre que ce n’est qu’un point de départ indicatif. Pour certains, 15 km seront déjà une belle performance, tandis que d’autres pourront confortablement viser 30 km ou plus certains jours. La véritable question n’est pas « Combien font les autres ? », mais « Combien puis-je faire, moi, en respectant mon corps et mon objectif ? ».

Voici quelques exemples d’étapes et de distances sur le chemin de Compostelle pour vous donner une idée. Sur les chemins populaires, de nombreux villages parsemés le long du chemin permettent de trouver des hébergements plus ou moins espacés, de manière à composer ses propres étapes avec la distance souhaitée.

Commencer par estimer son rythme de marche par heure

Avant même de penser à la distance quotidienne, il est utile de connaître sa vitesse de marche « théorique ». Sur terrain plat, sans sac à dos et sans s’arrêter, une personne en condition physique moyenne marche généralement à une vitesse d’environ 4 à 6 kilomètres par heure.

C’est un bon indicateur de votre capacité physique de base. Cependant, ce rythme n’est absolument pas celui que vous maintiendrez sur une journée entière de marche sur le Chemin de Compostelle. Pourquoi ? À cause de tous les facteurs que nous allons détailler.

L’idéal pour affiner votre rythme de marche par heure est de le mesurer lors d’une journée de randonnée complète. Autrement, vous pouvez simplement marcher 2h près de chez vous, et diminuer votre vitesse d’un point. Par exemple, si votre vitesse de marche de base est de 6 km par heure, vous pouvez compter 5 km par heure hors pauses en randonnée légère sur terrain plat, et 4 km par heure sur un terrain vallonné ou avec votre sac à dos de poids moyen.

Adapter son nombre de km par jour selon ses capacités physiques

C’est le facteur le plus déterminant. Votre rythme réel sur le Chemin de Compostelle, celui que vous tiendrez sur la durée avec votre sac à dos, sera inévitablement plus lent que votre marche du dimanche.

Prenez en compte :

• Votre condition physique générale : Faites-vous du sport régulièrement ? Marchez-vous souvent ? L’entraînement préalable est crucial. Il augmente votre endurance musculaire et cardiovasculaire. Cela influencera votre vitesse dès les premières heures, et votre capacité à relever les difficultés (dénivelé, etc).
• Votre âge : L’âge n’est pas une barrière pour le Chemin, loin de là ! Mais un corps de 20 ans n’a pas la même capacité de récupération qu’un corps de 60 ou 70 ans. Les articulations, les muscles demandent plus d’attention et de temps de repos avec l’âge.
• Votre endurance : C’est la capacité à maintenir un effort dans la durée. Elle se travaille avec l’entraînement. Quelqu’un avec une bonne endurance supportera mieux les longues heures de marche et les kilomètres qui s’accumulent.

Un pèlerin débutant ou peu sportif devrait commencer doucement, avec des étapes quotidiennes de 15 à 20 km. Un marcheur expérimenté ou en excellente forme pourra viser 25 à 30 km, voire plus sur certaines étapes faciles. Écoutez votre corps avant tout.

Hébergements sur le chemin de Compostelle : une disponibilité qui détermine combien de km par jour faire au minimum

Les hébergements disponibles le long du chemin de Compostelle sont un autre facteur déterminant pour fixer le nombre de km à parcourir. Certains tronçons du chemin disposent de nombreux refuges et hôtels, tous les 10km par exemple, tandis que d’autres sont plus espacés. Il est donc recommandé de planifier vos étapes en fonction des hébergements disponibles pour éviter de vous retrouver sans place où dormir.

Si vous ne réservez pas et comptez sur la disponibilité du jour, vous pourriez être contraint de pousser plus loin que prévu si l’hébergement ciblé est complet, ou au contraire, de vous arrêter plus tôt. L’approche flexible est plus réaliste pour les marcheurs les plus entraînés, qui peuvent se permettre de faire des kilomètres en plus. Si vous savez que vous êtes limité en distance quotidienne de marche réalisable, il est plus prudent de réserver à l’avance, en vérifiant bien la distance entre les hébergements.

Tenir compte du terrain selon les étapes vers Compostelle et ajuster la distance ciblée pour les étapes difficiles

C’est un des pièges majeurs pour les novices. Une étape de 20 km sur terrain plat et régulier (comme dans la Beauce espagnole sur le Camino Francés) n’a absolument rien à voir avec une étape de 20 km avec 800 mètres de dénivelé positif (comme l’entrée dans les Pyrénées depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, ou certaines étapes dans les Montes de León).

• Le dénivelé : Les montées (dénivelé positif) sont physiquement très exigeantes pour les muscles et le système cardiovasculaire. Elles ralentissent considérablement le rythme. Les descentes (dénivelé négatif), bien que moins éprouvantes niveau cardio, sollicitent énormément les articulations (genoux, chevilles) et peuvent être dangereuses si le terrain est glissant ou très accidenté.
• La nature du sentier : Marcher sur une route goudronnée est différent de marcher sur un sentier rocailleux, boueux, une piste forestière caillouteuse, ou dans le sable. Chaque type de surface a un impact sur votre vitesse, votre fatigue et le risque de blessure.

Une étape de 15 km avec un fort dénivelé ou un terrain difficile pourrait vous prendre autant de temps et vous fatiguer autant qu’une étape de 25 km sur du plat. Il est donc essentiel de regarder le profil altimétrique (carte des reliefs) de chaque étape que vous prévoyez et d’ajuster votre distance en conséquence. Pour les étapes annoncées comme « difficiles » ou avec un gros dénivelé, prévoyez une distance plus courte que votre moyenne habituelle.

Anticiper la météo selon la saison de pèlerinage

La météo est un autre facteur important à prendre en compte lorsque l’on planifie sa distance quotidienne sur le chemin de Compostelle. Voici quelques conseils pour anticiper la météo en fonction de la saison.

• Printemps et automne : Ces saisons sont idéales pour marcher, avec des températures douces et peu de précipitations. Vous pouvez viser une distance plus longue, autour de 25 km par jour.
• Été : L’été peut être très chaud, notamment dans les régions méridionales de l’Espagne. Il est donc préférable de partir tôt le matin, de prendre des pauses fréquentes et de réduire votre distance quotidienne si nécessaire. En cas de déshydratation, votre rythme ralentira. Pour anticiper, il faudra prévoir de transporter davantage d’eau, ce qui ajoute des kilos à porter en début d’étape.
• Hiver : L’hiver peut être froid et pluvieux, avec des routes glissantes et des conditions de marche difficiles. Dans ce cas, il est préférable de réduire votre distance quotidienne et de vous concentrer sur la sécurité et le confort. Par ailleurs, les journées étant plus courtes, il faut prendre en compte les heures de lever et coucher du soleil pour planifier ses distances.

Ajuster le nombre de km par jour en fonction du poids du sac ou du transfert de bagage

C’est un facteur physique direct. Chaque kilo porté sur le dos pèse sur vos épaules, votre dos, vos hanches, vos genoux… Un sac trop lourd est une source de fatigue supplémentaire énorme et peut entraîner des douleurs ou des blessures (ampoules, tendinites, maux de dos). Le rythme de marche en est ralenti très rapidement : 1km/h en moins rajoute facilement 1h30 de marche selon l’étape.

Une alternative pour ceux qui le souhaitent ou en ont besoin est le service de transfert de bagages. Des entreprises proposent de transporter votre sac d’hébergement en hébergement pour un prix donné. Cela vous permet de marcher avec seulement un petit sac à dos de journée.

Adapter la longueur d’étape selon ses préférences de journée type et selon les lieux à visiter

Enfin, la façon dont vous aimez vivre votre journée de pèlerinage vers Compostelle a un impact direct sur la distance que vous parcourrez.

• Rythme matinal : Êtes-vous un lève-tôt qui aime partir aux premières lueurs de l’aube pour profiter de la fraîcheur et arriver à destination en début d’après-midi ? Partir tôt permet de faire une bonne partie du chemin avant que la chaleur ne s’installe (en été) et laisse du temps l’après-midi pour se reposer, laver ses affaires, visiter.
• Rythme plus lent : Préférez-vous prendre votre temps le matin, partir plus tard, vous arrêter longuement pour les pauses café ou déjeuner ? Votre journée de marche effective commencera plus tard.
• Pauses : Faites-vous de courtes pauses régulières ou des pauses plus longues ? Cumulées sur la journée, les heures de pause réduisent le temps de marche effectif ou retarde l’arrivée dans les hébergements.
• Visites : Le Chemin traverse des villes et des villages chargés d’histoire. Aimez-vous prendre le temps de visiter les églises, les monuments, flâner dans les ruelles ? Ces moments sont précieux mais réduisent le temps consacré à la marche.

15km, 25km, 35km : combien de km par jour viser sur le chemin de Compostelle selon votre profil ?

15 km par jour : Le rythme du contemplatif et du débutant

Marcher environ 15 kilomètres par jour est un rythme doux et accessible à presque tout le monde, y compris les personnes moins entraînées ou celles qui reprennent une activité physique. Selon l’Agence française des chemins (étude 2021), 10% des pèlerins font moins de 20km par jour. Faire 15 à 20km par jour est donc une pratique assez courante sur les chemins de Compostelle français.

Pour qui ? Idéal pour les pèlerins débutants, ceux qui souhaitent prendre leur temps pour la contemplation, les personnes ayant des limitations physiques, les familles avec de jeunes enfants, ceux qui portent un sac à dos lourd, ou ceux dont l’objectif principal est le ressourcement et la rencontre, plutôt que la performance physique.

Avantages : Ce rythme minimise le risque de blessures (ampoules, tendinites, douleurs musculaires importantes). Il laisse l’après-midi libre pour visiter les villages traversés, se reposer, laver son linge sans précipitation, échanger longuement avec d’autres pèlerins, ou simplement s’asseoir et observer le paysage et la vie locale. Il permet également de trouver plus facilement de la place dans les albergues publiques espagnoles, car on arrive souvent plus tôt.

Inconvénients : Parcourir des distances plus longues (comme les 800km du Camino Francés ) demandera considérablement plus de temps (50 à 60 jours). Pour ceux qui ont un temps limité, ce rythme peut ne pas être viable pour accomplir une portion significative du Chemin. Certains marcheurs habitués pourraient trouver ce rythme trop lent. Trouver des hébergements tous les 15km peut également se révéler délicat sur certaines sections de chemin ou sur les itinéraires moins populaires. Réserver à l’avance devient essentiel pour garantir cet objectif de distance.

20 km par jour : Le juste équilibre pour beaucoup de pèlerins sur le chemin de Compostelle

Une moyenne de 20 kilomètres par jour est souvent considérée comme un excellent compromis et le rythme le plus couramment adopté par les pèlerins sur le chemin de Compostelle. C’est un objectif réaliste pour la plupart des personnes ayant une condition physique moyenne et un peu de préparation.

Pour qui ? C’est un rythme adapté à une grande majorité de pèlerins, qu’ils soient débutants ou plus expérimentés, cherchant un équilibre entre l’effort physique et le temps disponible pour profiter du chemin.

Avantages : 20 km permettent de couvrir une distance raisonnable chaque jour sans s’épuiser excessivement. La journée de marche dure généralement 4 à 6 heures, laissant une partie de l’après-midi disponible pour la détente, les visites ou les rencontres. Ce rythme permet de parcourir des distances importantes comme le Camino Francés en un temps réaliste (environ 40 jours). Le risque de blessure est modéré si l’on est bien préparé.

Inconvénients : Atteindre 20 km demande une certaine endurance et une préparation physique minimale. Par mauvais temps ou sur terrain difficile (montagnes), cela peut toujours représenter un défi. En haute saison, l’arrivée dans les hébergements en milieu d’après-midi peut rendre la recherche d’un lit un peu plus compliquée dans les étapes très fréquentées.

25 km par jour : Pour le marcheur régulier

Marcher 25 kilomètres quotidiennement est un rythme plus soutenu qui convient aux personnes ayant l’habitude de la randonnée ou une excellente condition physique.

Pour qui ? Ce rythme est adapté aux marcheurs réguliers, sportifs, ou ceux qui disposent de moins de temps et souhaitent parcourir une plus grande distance chaque jour.

Avantages : Permet de couvrir le chemin plus rapidement, ce qui est utile si votre temps est limité (par exemple, parcourir les 800 km du Camino Francés en environ 32 jours). C’est un bon défi physique pour ceux qui recherchent cet aspect dans leur pèlerinage. Pour les bons marcheurs, ce rythme permet de bien remplir la journée sans trop forcer.

Inconvénients : Demande une excellente préparation physique et une bonne gestion de l’effort. Le risque de blessures (tendinites, ampoules sévères) augmente significativement. L’après-midi disponible pour d’autres activités est réduit, car la marche prend une plus grande partie de la journée. La fatigue s’accumule plus rapidement, rendant les jours de repos plus nécessaires. Il faut être attentif à l’hydratation et à l’alimentation.

30 km par jour : Un rythme plus sportif

Atteindre 30 kilomètres ou plus chaque jour place le pèlerinage sous le signe du défi physique engagé. Ce rythme est réservé aux marcheurs très entraînés.

Pour qui ? Uniquement pour les marcheurs expérimentés, athlètes, ultra-randonneurs ayant déjà parcouru de longues distances sur plusieurs jours consécutifs.

Avantages : Permet de couvrir de très grandes distances en peu de temps (le Camino Francés en moins d’un mois). C’est un excellent entraînement physique pour ceux qui le recherchent. Un rythme de 30km par jour permet également d’envisager des itinéraires de Compostelle moins prisés, ou une randonnée en hors saison, où le manque d’hébergement demande plus d’adaptation en distance.

Inconvénients : Le risque de blessures est très élevé. La marche devient l’objectif principal, laissant peu de place à la contemplation, aux visites ou aux interactions sociales approfondies. L’épuisement peut rapidement s’installer. Trouver un hébergement nécessite souvent soit de réserver à l’avance, soit d’arriver très tôt ou très tard, ou de s’arrêter dans des lieux moins communs. La marche prenant plus de temps, il faut également prévoir plus d’eau au départ (les points d’eau n’étant pas garantis), ce qui alourdit le sac.

35km par jour : Un vrai défi pour les randonneurs les plus entraînés

Marcher 35 kilomètres et au-delà quotidiennement est un véritable exploit physique qui n’est pas recommandé pour la majorité des pèlerins. C’est le domaine des athlètes d’endurance ou de ceux qui ont des contraintes de temps extrêmes couplées à une préparation hors norme.

Pour qui ? Très peu de pèlerins maintiennent ce rythme sur la durée. Il concerne principalement les athlètes très entraînés, les militaires ou ceux qui participent à des défis spécifiques. A éviter en hiver, les journées étant plus courtes.

Avantages : Permet de « boucler » le Chemin très rapidement, ou de s’entraîner pour des itinéraires de randonnée plus difficiles. Ponctuellement, une journée de marche de 35-40km permet de contourner des difficultés d’hébergements.

Inconvénients : Les risques de blessures graves sont très élevés. Des jours de repos sont recommandés. Ampoules garanties. L’aspect contemplatif et social du Chemin est quasi inexistant. Marcher occupe toute la journée (minimum 8h en comptant quelques pauses). Il devient difficile de trouver une place en albergue publique espagnole, il faut alors se rabattre sur d’autres hébergements.

Faut-il privilégier des étapes plus courtes ou plus longues pour faire le chemin de Compostelle ?

Avec un rythme quotidien idéal visé, il faut souvent adapter sa planification en ajoutant ou en retirant quelques kilomètres pour atteindre un hébergement. S’il faut bien sûr faire attention à ses limités en priorité, il est utile de considérer les avantages et les inconvénients de faire des étapes un peu plus courtes ou un peu plus longues sur son pèlerinage vers Compostelle.