Le chemin de Compostelle, ou Camino de Santiago, est l’un des plus célèbres pèlerinages du monde. Bien que son point de convergence soit Santiago de Compostela, en Espagne, ce réseau de chemins s’étend bien au-delà des frontières ibériques. Le chemin de Compostelle en Europe est en fait un vaste réseau complexe, des milliers de kilomètres de sentiers, de routes et de voies permettant aux pèlerins de se rendre vers ce lieu sacré, symbole de spiritualité et de découverte. Des confins de la Scandinavie aux îles de la Méditerranée, des pays baltes aux rives de l’Atlantique, les chemins jacquaires ne connaissent pas de frontières. Cet article invite à un voyage géographique à travers tous les pays où l’on peut aujourd’hui chausser ses chaussures de randonnée pour un chemin de Compostelle.

Sommaire
Les 3 pays d’Europe 🇪🇺 au centre du pèlerinage de Compostelle
Sans conteste, l’Espagne, la France et le Portugal constituent le cœur du pèlerinage de Compostelle en Europe. Le chemin traditionnel trouve son aboutissement à la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice, Espagne. Ce chemin traverse des paysages variés allant de la mer Cantabrique aux montagnes des Pyrénées et attire des pèlerins du monde entier.
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L’Espagne, la destination finale
L’Espagne est bien sûr le pays emblématique du Camino de Santiago. Des dizaines de chemins y convergent, dont le célèbre Camino Francés, qui traverse le nord du pays. D’autres itinéraires longent la côte cantabrique ou traversent les terres intérieures espagnoles.

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La France, départ traditionnel du chemin de Compostelle
La France est un point de départ majeur pour de nombreux pèlerins. Le chemin de Saint-Jacques y est particulièrement bien développé, avec des voies comme la Via Podiensis, qui part de Le Puy-en-Velay, ou la Via Tolosana, qui traverse Toulouse. Ces chemins français sont des étapes incontournables pour les pèlerins qui se dirigent vers l’Espagne.

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Le Portugal, l’itinéraire jacquaire venant du sud
Le Portugal est un point de départ essentiel pour de nombreux pèlerins. Le Camino Portugués est l’un des itinéraires les plus fréquentés après le Camino Francés. Il commence à Lisbonne ou à Porto et traverse des paysages variés, des vignes luxuriantes aux plages dorées. Les pèlerins peuvent s’arrêter dans des villes historiques comme Coimbra et Viana do Castelo, où l’histoire se mêle à la beauté naturelle.

Qu’est-ce qu’un chemin de Compostelle : entre pèlerinage historique et nouvelles voies jacquaires
Les Chemins de Compostelle, ou itinéraires jacquaires, mènent des pèlerins du monde entier vers la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, où reposent les reliques de l’apôtre Jacques. Mais que signifie réellement l’appellation « Chemin de Compostelle » aujourd’hui, surtout avec l’émergence de nouveaux tracés à travers l’Europe ?
Les Chemins de Compostelle historiques en Europe
Historiquement, il n’existait pas un seul « Chemin de Saint-Jacques », mais une multitude de voies empruntées par les pèlerins d’Europe pour rejoindre la tombe de l’Apôtre Jacques le Majeur. Ces routes dépendaient des points de départ, des conditions politiques, des dangers, des infrastructures disponibles (monastères, hôpitaux), et évoluaient au fil des siècles. L’essor des pèlerinages au Moyen Âge a créé un réseau complexe dont les traces se sont estompées avec le déclin des grandes marches religieuses à partir du XVIIIe siècle.
La renaissance des chemins de Compostelle, initiée dans les années 1980, s’est accélérée grâce à leur reconnaissance comme Premier Itinéraire Culturel Européen par le Conseil de l’Europe en 1987, puis à l’inscription de plusieurs chemins au Patrimoine Mondial de l’UNESCO (en Espagne et en France).
Caractéristiques d’un chemin de Compostelle
Un Chemin de Compostelle est défini tout d’abord par son orientation vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Les autres caractéristiques d’un itinéraire de Compostelle reconnu en Europe incluent généralement :
Réhabilitation et Redécouvertes
Au fil des siècles, certains tronçons de ces chemins historiques ont été oubliés ou délaissés. Un travail important de réhabilitation et de redécouverte est entrepris par des associations et des collectivités locales pour restaurer ces itinéraires, les baliser et les rendre à nouveau accessibles aux pèlerins.
Création de Nouveaux Chemins en Europe
L’attrait croissant pour le pèlerinage de Saint-Jacques a conduit à la création de nouveaux chemins à travers l’Europe, notamment en Europe de l’Est, dans les Balkans et les Pays Baltes. Ces itinéraires, bien que plus récents, s’inscrivent dans la même démarche spirituelle et culturelle. Ils permettent aux pèlerins de partir de chez eux et de traverser des régions souvent méconnues, tout en se connectant à l’histoire et au patrimoine local.
Si les chemins originaux bénéficient d’une longue tradition et d’une infrastructure bien établie, ces nouveaux itinéraires, encore en développement, offrent une expérience plus aventureuse et intime, permettant de découvrir des paysages et des cultures moins fréquentés.
Pourquoi encore créer des chemins ?
Plusieurs raisons expliquent les efforts persistants pour développer de nouveaux tronçons ou des chemins entiers en Europe :
Autour de la France : les pays européens frontaliers pour prolonger facilement le chemin
Naturellement, les pays limitrophes de la France possèdent des liens historiques puissants avec les chemins de Compostelle. Ces territoires servaient de points de convergence pour les pèlerins venant du nord et de l’est, désireux de rejoindre les grandes voies françaises (Podiensis, Turonensis, Lemovicensis, Tolosana) ou de tracer leur propre route vers les Pyrénées.
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La Belgique, carrefour historique des chemins du nord
Des itinéraires balisés traversent le pays, partant de villes comme Liège, Bruxelles ou Anvers. Ils suivent souvent d’anciennes voies commerciales ou de pèlerinage locales pour rejoindre le nord de la France (Voie de Paris et Voie du Vézelay). Les chemins de Compostelle belges sont nombreux et connectés aux réseaux des Pays-Bas et de l’Allemagne.
Principaux chemins : Via Campaniensis et Via Monastica, Via Brabantica (liaison avec la Via Gallia Belgica), Via Limburgica, Via Mosana

🇨🇭
La Suisse, une extension de la Voie du Puy vers l’est
La Suisse est un autre carrefour majeur en Europe. La Via Jacobi (connue sous le nom de Chemin de Saint-Jacques en Suisse) est l’itinéraire principal, traversant le pays du nord-est (lac de Constance) au sud-ouest (Genève). Il emprunte des paysages variés, longeant des lacs, traversant des plaines et abordant les contreforts alpins. La Suisse permet aux pèlerins venant d’Allemagne, d’Autriche et d’Europe centrale de rejoindre les voies françaises, notamment la Via Gebennensis qui débute à Genève et rejoint la Via Podiensis.
Principaux chemins : Via Gebennensis, Via Lugdunum, Via Jacobi

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Le Luxembourg, entre l’Allemagne et les chemins du Grand Est
Malgré sa petite taille, le Grand-Duché de Luxembourg s’intègre également dans le réseau du chemin de Compostelle en Europe. Un itinéraire principal traversant le Luxembourg du nord au sud, propose une alternative pour relier les chemins venant d’Allemagne aux itinéraires français, en passant par Metz.

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Allemagne, un vaste réseau entre Europe de l’Est, du Nord et l’Ouest
L’Allemagne dispose aujourd’hui d’un réseau dense de chemins de Compostelle (les « Jakobswege »), qui couvrent l’ensemble du territoire. Parmi les itinéraires les plus connus et les plus fréquentés figurent la Via Regia, un axe historique majeur traversant l’Allemagne de l’Est en partant de Görlitz (à la frontière polonaise) pour se diriger vers le centre du pays en passant par des villes comme Leipzig, Erfurt, ou Fulda.
D’autres chemins longent le Rhin, traversent la Souabe en direction du lac de Constance et de la Suisse, ou encore l’Allemagne du Sud (Bavière, Bade-Wurtemberg). Ces chemins ne sont pas isolés mais sont conçus pour se connecter entre eux et surtout rejoindre les réseaux des pays voisins comme la France (par l’Alsace ou la Lorraine), la Suisse, l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas ou le Danemark.
Principaux “Jakobswege” : Via Regia, Via Baltica, Via Scandinavica, Via Jutlandica

Les chemins en Europe du Nord
L’idée de chemins partant de si loin illustre la portée paneuropéenne du pèlerinage. Si les connexions historiques directes étaient moins massives dans le nord de l’Europe que dans les pays voisins de l’Espagne, les réseaux modernes n’ont pas oublié ces régions éloignées.
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Les Pays-Bas, un point de départ au nord de la Belgique
Les Pays-Bas ont également développé un réseau de chemins (Jakobswegen in Nederland) qui rejoignent les routes belges ou allemandes. Les itinéraires partent notamment d’Amsterdam, de Haarlem, de Deventer, ou du nord du pays. Beaucoup de ces parcours s’appuient sur des tracés historiques ou reprennent des tronçons de sentiers de grande randonnée déjà existants. Sur les chemins de Compostelle néerlandais, le paysage est majoritairement plat, marqué par les canaux, les moulins, les vastes champs et les charmants villages.
Principaux chemins, communs avec la Belgique : Via Brabantica, Via Limburgica, Via Monastica, Via Scaldea

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Danemark, le chemin de Compostelle scandinave par excellence
Le principal itinéraire danois vers Compostelle s’appuie sur la Hærvejen (la « Route des Armées »), une ancienne voie qui traverse la péninsule du Jutland du nord au sud. Cette route majeure permet une liaison directe avec le nord de l’Allemagne. Les pèlerins venant de Scandinavie (Norvège, Suède) pouvaient emprunter ce chemin après avoir traversé le détroit, poursuivant leur route vers le sud en direction de l’Allemagne. Plusieurs variantes relient les différentes îles du pays. Bien qu’éloignée et peu fréquentée, la route danoise de pèlerinage est pleinement reconnue comme chemin de Compostelle d’Europe et balisée avec les coquilles et flèches jaunes officielles.

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La Finlande, une voie de Saint-Jacques plus obscure
Bien que très éloignée et avec une histoire de pèlerinage différente (plus orientée vers Rome ou des sanctuaires locaux), la Finlande est également intégrée au réseau européen. Très peu documenté, le chemin de Saint-Jacques finlandais (Jaakontie) s’étend de Rongo à Turku, où un ferry permet alors de rejoindre l’Estonie ou la Pologne pour poursuivre le trajet vers Compostelle. Une association locale des Amis de Saint-Jacques peut même fournir les Passeports de Pèlerinage.

Le pèlerinage de Compostelle depuis l’Europe de l’Est
Les Chemins de Compostelle d’Europe de l’Est offrent une perspective unique sur ce grand pèlerinage européen. Loin des foules et de l’infrastructure parfois très commerciale des voies espagnoles, ces itinéraires proposent une expérience plus brute, plus proche des conditions historiques du pèlerinage.
Ils demandent certes plus de préparation (planification de l’itinéraire, réservation éventuelle des hébergements, attention au balisage qui peut varier), mais ils le rendent au centuple en termes d’authenticité, de découvertes culturelles et humaines. C’est l’occasion de rencontrer les habitants locaux, de découvrir des traditions vivaces, et de marcher dans des paysages d’une grande beauté, souvent épargnés par le tourisme de masse.
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Autriche, la liaison jacquaire de la Slovaquie et la Hongrie à l’Allemagne
Historiquement, des voies de pèlerinage reliant diverses régions de l’Empire des Habsbourg à l’Occident existaient déjà depuis le Moyen Âge. Cependant, la majorité des chemins autrichiens tels qu’on les connaît et les parcourt aujourd’hui ont été re-découverts, nettoyés, et balisés plus récemment. Le chemin de Compostelle le plus connu en Autriche (Jakobsweg Österreich) traverse le pays de l’Est (frontière hongroise/slovaque) vers l’Ouest, passant par Vienne et par des régions comme la Basse-Autriche, la Haute-Autriche, Salzbourg et le Tyrol avant d’atteindre la frontière allemande ou suisse. D’autres branches viennent de République Tchèque, d’Italie ou de Slovénie.

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La Hongrie, de Budapest aux chemins de Compostelle à l’ouest
Le réseau jacquaire hongrois est constitué de quelques chemins, partant principalement de Budapest, la capitale. Ils traversent le pays du centre vers l’ouest à travers des paysages variés, et rejoignent l’Autriche et la Slovénie. Il n’existe pas encore de liaison avec l’est ou avec les autres pays entourant la Hongrie.
Principaux chemins : Camino Hungaro, Via Pannonia

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La Pologne, un vaste réseau de chemins vite développé
La Pologne, avec sa vaste superficie et son histoire riche, possède un réseau de Chemins de Compostelle en pleine expansion (Droga sw. Jakuba). Depuis 2004, plusieurs itinéraires majeurs ont été identifiés, redécouverts ou créés et balisés à travers la Pologne. Parmi les plus emblématiques figure la Via Regia, un axe historique majeur qui traverse le sud du pays, de la frontière ukrainienne jusqu’à la frontière allemande (vers Görlitz/Zgorzelec).
D’autres chemins importants incluent le Chemin de Poméranie (Droga Pomorska), qui longe la côte Baltique dans le nord, le Chemin de Grande Pologne (Droga Wielkopolska) dans le centre-ouest du pays, ou encore le Chemin de Basse Silésie (Droga Dolnośląska) dans le sud-ouest. Ces chemins sont progressivement balisés avec la célèbre coquille Saint-Jacques jaune sur fond bleu et/ou la croix jacquaire. D’autres parcours relient les sentiers polonais à la République Tchèque et à la Lituanie.
Chemins connus : Pomeranian Way, Camino Polaco, Via Regia, Moravian-Silesian Way

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La République Tchèque, des châteaux de Bohême aux collines de Moravie
La République Tchèque se situe au carrefour des routes venant de Pologne, d’Autriche et d’Allemagne. Plusieurs Chemins de Compostelle la traversent. Le principal part de Prague, la magnifique capitale, et se dirige vers le Sud-Ouest, rejoignant le Jakobsweg autrichien près de la frontière. D’autres itinéraires viennent de Moravie (Est) ou de Bohême du Nord. Les chemins tchèques traversent des paysages de contes de fées : forêts denses, villages charmants, villes médiévales protégées par l’UNESCO, et de nombreux châteaux perchés. Comme dans d’autres pays d’Europe de l’Est, le réseau a été balisé récemment et est toujours en cours d’amélioration.

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La Slovaquie, au pied des Carpates, un chemin discret jusqu’à l’Autriche
La Slovaquie, pays de montagnes et de forêts, abrite également un Chemin de Compostelle. Finalisé officiellement en 2017, l’itinéraire part de Košice, à l’Est du pays, et se dirige vers l’Ouest, rejoignant la République Tchèque ou l’Autriche via Bratislava, la capitale. Les chemins slovaques traversent des paysages naturels d’une grande beauté : les contreforts des Carpates, des vallées verdoyantes, des parcs nationaux. Le patrimoine comprend de nombreux châteaux, des églises rurales et des monastères.

Les Pays Baltes, les chemins de Compostelle à l’autre bout de l’Europe
Après des décennies d’isolement relatif dû aux divisions politiques du XXe siècle, les pays Baltes ont activement cherché à se reconnecter à l’Europe occidentale sur de nombreux plans, et la spiritualité et le patrimoine culturel n’ont pas fait exception. L’idée de relier ces régions au réseau du chemin de Compostelle en Europe a gagné du terrain dans les années 2000, avec des efforts concertés pour identifier, marquer et promouvoir des routes viables.
Ces itinéraires baltes s’appuient souvent sur des sentiers de randonnée longue distance existants, qu’on adapte et balise spécifiquement avec les symboles familiers du Camino : la coquille Saint-Jacques jaune sur fond bleu et la flèche jaune. L’objectif est de fournir un itinéraire continu qui part (ou arrive) des frontières orientales des pays Baltes, traverse chaque nation du nord au sud, et se connecte en Pologne aux routes menant vers l’Allemagne, la France et, finalement, l’Espagne.
Il est important de noter que ces chemins sont encore en développement par rapport aux infrastructures solides trouvées en Espagne ou en France. L’expérience y est donc souvent plus rustique, demandant plus de planification et d’autonomie. C’est précisément ce qui attire de nombreux pèlerins en quête d’une aventure plus introspective et moins « touristique ».
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Estonie, l’étape la plus septentrionale
En Estonie, le chemin de Compostelle (Camino Estonia) commence à Tallinn, la capitale, une ville médiévale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce premier tronçon offre une vue imprenable sur la mer Baltique et un mélange fascinant d’architecture moderne et historique. Au fur à mesure que l’on s’éloigne de Tallinn, le chemin serpente à travers les forêts verdoyantes, les lacs et les villages pittoresques. En route, les pèlerins pourront découvrir des églises anciennes, comme l’église de Pühtitsa, qui est un important site de pèlerinage pour les croyants orthodoxes. La nature est omniprésente en Estonie, et le chemin offre de nombreuses occasions d’admirer la faune et la flore uniques du pays. Le chemin de Compostelle estonien est l’un des chemins les plus récents en Europe, le balisage officiel étant finalisé depuis 2022.

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La Lettonie, entre forêts et Côte Baltique
En Lettonie, le chemin de Compostelle d’Europe poursuit son voyage depuis l’Estonie vers le sud, jusqu’à la capitale Riga, puis jusqu’à la Lituanie. L’itinéraire letton (Camino Latvia) est réputé pour sa diversité de paysages, incluant des sections côtières spectaculaires le long de la mer Baltique, des forêts encore plus vastes et denses qu’en Estonie, et des plaines agricoles parsemées de rivières et de lacs. L’association locale des Chemins de Saint-Jacques poursuit le développement des itinéraires de Compostelle en Lettonie, avec le projet d’une nouvelle branche pour relier le Camino Estonien.

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La Lituanie, terre d’Histoire et de douces collines
Ouvert en 2017, le Camino Lituano, chemin de Compostelle en Lituanie représente la dernière section balte avant de passer en Pologne. Cette partie du parcours offre des paysages légèrement différents, souvent plus doux, avec des collines ondulantes, de vastes champs cultivés alternant avec des forêts, et de très nombreux lacs. La Lituanie a une histoire chrétienne profonde et complexe, et le chemin passe souvent par d’anciennes églises, des monastères et des sites de pèlerinage locaux, comme des croix monumentales. Un autre chemin de Saint-Jacques lituanien longe la mer baltique en direction de l’exclave Russe.

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Kaliningrad, l’exclave russe entre 2 chemins de Compostelle européens
Territoire russe entouré de pays européens, la région de Kaliningrad est néanmoins traversée par son propre chemin de Compostelle. Non reconnu officiellement dans le réseau des chemins de Compostelle, la Via Baltica Russe assure une liaison entre la voie baltique de Saint-Jacques depuis la Lituanie au chemin de Poméranie en Pologne, avant de continuer sur la Via Baltica de Compostelle en Allemagne.

Les itinéraires de Compostelle en développement dans les Balkans
Le réseau jacquaire s’étend activement dans la région des Balkans, souvent par la revitalisation d’anciennes routes. De nombreux itinéraires de Compostelle y sont déjà balisés grâce aux initiatives des associations locales. Celles-ci restent très actives pour poursuivre l’ouverture de nouvelles sections de chemins. Naturellement, se lancer sur ces chemins demande plus de préparation, d’autonomie et adaptabilité.
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La Slovénie, une porte d’entrée vers l’Italie
La « Jakoba Slovenija » se compose principalement de plusieurs branches qui convergent typiquement vers Ljubljana, la capitale slovène, avant de continuer leur parcours vers l’ouest en direction de l’Italie, puis plus loin vers l’Espagne.
Parmi les itinéraires les plus empruntés, on trouve un chemin venant du nord-est (frontière hongroise), et un autre venant du sud-est (Croatie). Ces chemins serpentent à travers une incroyable diversité de paysages slovènes, allant des douces collines parsemées de vignobles dans l’est, aux vastes forêts luxuriantes du centre, en passant par des plaines agricoles fertiles et des villages pittoresques. Des églises dédiées à Saint Jacques le Majeur jalonnent ces routes.
Bien que les chemins de Compostelle slovènes rejoignent les voies françaises en passant par des sentiers de randonnée italiens, ces derniers ne font techniquement pas partie du réseau des chemins jacquaires.
Principaux chemins : Voies Dolenjska et Primorska

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La Croatie, des chemins en développement de l’Adriatique à l’intérieur des terres
Dernier pays intégré dans l’Union Européenne en 2013, la Croatie est l’un des pays européens les plus actifs dans le renouveau des chemins de Compostelle dans les Balkans. Impulsé par la Fraternité Croate de Saint-Jacques, ce renouveau a déjà permis d’ouvrir plus de la moitié des sections de sentiers planifiés. En mai 2025, une nouvelle section a encore été officialisée, avec le Camino Ikla.
Reconnu officiellement par les institutions jacquaires, le Camino Croatia comporte plusieurs sections actives dans les terres et proches de ses frontières : le Camino Istria (en Istrie), le Camino Banovina, le Camino Podravina, le Camino Imota, le Camino Šibenik. Des parcours ont également été balisés sur les îles de Krk, Brac et Korkula.
A terme, le Camino Croatia doit assurer une bonne liaison des chemins de Compostelle avec la Slovénie, la Hongrie et la Bosnie-Herzégovine, plusieurs liaisons partielles étant déjà en place.

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Bosnie-Herzégovine, un début de chemin
Le développement des chemins de Compostelle en Bosnie-Herzégovine est très récent. Des initiatives existent déjà avec un premier itinéraire officiel. Le Camino Medjugorje part de Medjugorje et rejoint la Croatie à Vinjani Donji. Le chemin se poursuit sur le Camino Croatia Imota.

Pèlerinage à double sens : les pays européens où rejoindre le chemin de Compostelle depuis d’autres pèlerinages légendaires
Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle est loin d’être le seul pèlerinage en Europe. Dans certains pays ou régions, d’autres pèlerinages renommés attirent toutes les attentions. Les voies jacquaires peuvent ainsi se retrouver au second plan voire manquer à l’appel. Néanmoins, beaucoup de sentiers assurent une liaison entre tous ces chemins, et ces différents pèlerinages. Il est ainsi possible de relier un pèlerinage dans un sens et un autre en sens inverse.
🇮🇹
En Italie, un pèlerinage vers (ou depuis) Rome
En Italie, le pèlerinage central est celui vers Rome. Ainsi le pays ne propose pas directement de chemin de Compostelle. Riche en sentiers de randonnée, et notamment les Via Romea, il est cependant facile de partir de l’Italie pour rejoindre le réseau des chemins de Saint-Jacques.
Le principal chemin italien pour la liaison vers Compostelle est sans aucun doute la Via Francigena, célèbre avant tout pour son parcours de Canterbury à Rome. La section italienne de la Via Francigena croise la Via della Costa, un chemin de liaison qui traverse la frontière française. La Via Aurelia, assure la suite de la liaison avec la Voie d’Arles (Via Tolosana), l’un des 4 chemins de Compostelle français les plus réputés.

🇫🇷
Le Mont Saint-Michel, une exception parmi les chemins français
Joyau architectural posé sur un rocher au large des côtes normandes, le Mont-Saint-Michel est un autre lieu de pèlerinage millénaire d’une grande importance en France et en Europe. Dédié à l’Archange Saint Michel, dont la dévotion était répandue partout en Europe médiévale, il a attiré des foules de pèlerins depuis la fondation de son abbaye au VIIIe siècle. De nombreux chemins de pèlerinage y mènent encore.
Des parcours allant du Mont Saint-Michel à la frontière espagnole, direction Compostelle, sont également balisés, et reconnus au sein des réseaux jacquaires. Ils empruntent notamment la Voie des Plantegenêts, ou d’autres sentiers, pour se connecter à la Voie de Tours (Via Turonensis).
La particularité du pèlerinage depuis le Mont Saint-Michel est son double balisage (coquille et symbole du Mont), marquant à la fois la direction de Compostelle et celle du Mont pour les randonneurs.

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Norvège (et Suède), les St Olav Ways à destination de Trondheim
Les chemins de pèlerinage en Norvège sont intrinsèquement liés à Saint Olav (Olaf II), roi de Norvège mort en 1030 et canonisé l’année suivante. Après sa mort à la bataille de Stiklestad et les miracles qui auraient eu lieu ensuite, son tombeau à Nidaros (aujourd’hui Trondheim) devint rapidement un lieu de pèlerinage majeur en Europe du Nord au Moyen Âge. Le réseau des chemins de Saint Olav (Pilegrimsledene) est vaste et couvre une grande partie du sud de la Norvège, convergeant vers Trondheim.
Il n’existe pas de chemin de Compostelle en Norvège et en Suède. Une liaison entre les chemins de Saint Olav et les chemins de Compostelle danois est possible, soit en direct en prenant un ferry depuis Oslo, soit en passant d’abord par des sentiers suédois pour prendre le ferry à Goteborg.

Des chemins de Compostelle insolites entre terre et mer
Au-delà des sentiers terrestres traditionnels, il existe des chemins de Compostelle véritablement atypiques, où le concept de « entre terre et mer » prend tout son sens. Ces itinéraires commencent dans des régions éloignées, insulaires ou côtières, et nécessitent une combinaison de marche et de traversées maritimes pour rejoindre Santiago de Compostela.
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Royaume-Uni et Irlande, un Camino Inglès alternatif
Historiquement, les îles Britanniques ont toujours été une source importante de pèlerins vers Saint-Jacques. Dès le Moyen Âge, des croyants d’Écosse, d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Irlande entreprenaient le long voyage. Pour eux, le pèlerinage commençait littéralement à leur porte. La première étape, cruciale et non des moindres, était de rejoindre un port pour prendre la mer. Les associations anglaises et irlandaises des chemins de Saint-Jacques ont encouragé la reconnaissance de ces trajets historiques.
Dans ce cadre, une formule bien particulière a été mise en place. Les pèlerins souhaitant obtenir une Compostela attestant de leur pèlerinage anglais ou irlandais peuvent réaliser leur chemin en deux temps : 25km ou plus en Angleterre ou en Irlande, en choisissant parmi des chemins jacquaires suggérés par les associations, et 75km sur le Camino Inglès en Espagne via la variante partant de A Coruna (port plus traditionnel que Ferrol) jusqu’à Santiago.

🇲🇹
Camino Maltés, le chemin de Malte à l’Espagne, via la Sicile et la Sardaigne
Loin des côtes atlantiques, au cœur de la Méditerranée, se trouve un autre point de départ surprenant pour Saint-Jacques : l’île de Malte. Le Camino Maltés est l’incarnation parfaite du concept « entre terre et mer » poussé à l’extrême. Le parcours ne consiste pas seulement à marcher sur l’île, mais à enchaîner des étapes terrestres et maritimes à travers plusieurs pays et îles. Il débute sur l’île de Malte elle-même, traversant ses paysages secs et rocailleux, ses villes historiques fortifiées. Après quelques jours de marche, le pèlerin prend un ferry pour la Sicile voisine.
En Sicile, le chemin continue sur le Cammino di San Giacomo, traversant l’île de Pozzallo à Palermo, offrant une immersion dans l’histoire antique et les paysages méditerranéens, souvent sous un soleil ardent. Un autre ferry est nécessaire pour rejoindre Cagliari en Sardaigne.
En Sardaigne, le chemin Santu Jacu serpente à travers des paysages variés, côtiers et intérieurs, avant une nouvelle liaison maritime à Porto Torres, cette fois vers le continent européen, en direction de Barcelone en Espagne.
Le parcours suit alors le Camino Catalán, qui traverse la Catalogne pour se connecter à d’autres voies intérieures et rejoindre des Camino plus connus jusqu’à Santiago de Compostela.

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Îles Canaries, un itinéraire de Compostelle isolé dans l’océan Atlantique
Bien que situées loin du continent européen, les îles Canaries possèdent également leur propre chemin lié à la tradition de Saint-Jacques. Le contexte historique principal se trouve sur l’île de Grande Canarie. L’église de Santiago de Los Caballeros à Gáldar a obtenu par une Bulle Papale de 1965 le privilège de célébrer l’Année Sainte (ou Année Jubilaire Compostellane) lorsque la fête de Saint Jacques (le 25 juillet) tombe un dimanche, exactement comme à Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice. Cette reconnaissance a officialisé un pèlerinage local vers Gáldar. Le « Camino de Santiago de Gran Canaria » traverse l’île de Grande Canarie du sud (Maspalomas) au nord (Gáldar), passant par des paysages spectaculaires et très variés : dunes, montagnes volcaniques escarpées, forêts de pins des Canaries, villages troglodytes, et vallées verdoyantes.

Nouveaux pays d’Europe : les itinéraires de Compostelle les plus surprenants
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La Roumanie, des chemins balisés mais isolés à travers la Transylvanie
Située au carrefour de l’Europe centrale, orientale et balkanique, la Roumanie a également intégré le réseau des chemins de Compostelle Europe ces dernières années. Membre de l’Union Européenne depuis 2007, c’est en 2016 que l’Asociatia prietenilor Camino de Santiago, Association des amis du chemin de Saint-Jacques, a été fondée. Des itinéraires ont été établis et balisés, s’appuyant sur d’anciennes voies de communication et des liens historiques.
Partant de Brasov, les principaux sentiers de Compostelle roumains partent dans 3 directions principales, cherchant notamment à atteindre les chemins déjà établis en Hongrie à l’ouest. Rejoignant la frontière hongroise, le chemin jacquaire de Roumanie reste pour le moment isolé des autres pays, aucune liaison n’étant officiellement balisée jusqu’à Budapest où démarre le chemin hongrois.

🇺🇦
Ukraine, des initiatives remarquables face à une réalité tragique actuelle
L’inclusion de l’Ukraine dans le réseau des Chemins de Compostelle Europe représente un potentiel historique et culturel immense. Avant l’invasion russe, des projets ont été lancés pour identifier et même commencer à baliser des sections d’itinéraires jacquaires traversant l’ouest de l’Ukraine, dans l’optique de relier le pays à la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie. Prêt à être ouvert en 2022, le Camino Podolico a été mis en suspens pendant 2 ans face au contexte tragique.
L’organisation moteur du projet a repris ses initiatives prudemment malgré la situation en 2024, obtenant la certification du Conseil de l’Europe en mai 2024 pour la section de chemin déjà définie. La guerre en cours rend néanmoins la pratique du pèlerinage sur ces itinéraires ukrainiens extrêmement difficile, voire impossible et dangereuse. Pour les pèlerins ukrainiens, le Camino Podolico part de Vinnytsia, croisant plusieurs sites culturels et religieux, jusqu’à Kamyanets-Podilskyi.
Une section indépendante de chemin lancée en 2015 reliait Lviv à la Via Regia polonaise.
